L'empathie (Cyrulnik) [À lire]
Synthèse détaillée de la formation de Boris Cyrulnik, psychiatre, disponible sur le site web de formationspsy (H4 Éditions, partenaire de : Éducation & Famille - Université de Mons)
> Tarif pour le téléchargement de ce livre : 4.90€
[Extrait de la synthèse]
Boris Cyrulnik explique la définition et les implications de l'empathie
Boris Cyrulnik commence son exposé sur l'empathie en définissant ce concept essentiel. L'empathie, explique-t-il, ne doit pas être confondue avec la sympathie. Alors que la sympathie implique de souffrir avec l'autre, l'empathie consiste à se décentrer pour comprendre la souffrance de l'autre sans nécessairement la ressentir soi-même. C'est cette posture de compréhension qui est adoptée par les professionnels de la psychologie, bien que leur exposition constante à la souffrance puisse les affecter personnellement.
Il poursuit en soulignant que cette capacité à ressentir l'autre est le fruit d'une double évolution : la phylogenèse, qui retrace l'évolution à travers les espèces vivantes, et l'ontogenèse, qui décrit le développement individuel de l'enfant jusqu'à l'âge adulte. Cependant, précise-t-il, l'apprentissage humain ne s'arrête jamais ; même à un âge avancé, nous continuons à développer des formes de mémoire à long terme, bien que la mémoire de travail décline dès l'âge de 25 ans.
Une phylogenèse révélatrice : l'empathie à travers les espèces
Pour comprendre l'empathie, Cyrulnik propose d’examiner son développement chez d'autres espèces. Il illustre cela avec des exemples tirés du règne animal. Chez les poissons, par exemple, la reproduction est un processus externe, et la survie des alevins est hautement improbable sans l'intervention d'autres individus. En revanche, chez les mammifères, l'apparition du lien d'attachement, nourri par l'allaitement, est un facteur déterminant pour la survie. Un enfant sans attachement n’a pratiquement aucune chance de se développer correctement, même s’il est biologiquement sain.
Il évoque des observations poignantes, comme celles faites auprès d'enfants abandonnés en Bulgarie et en Russie, qui, privés de relations sécurisantes, adoptent des comportements autodestructeurs ou auto-centrés pour se rassurer. L'absence de relation d'altérité perturbe leur développement et les empêche de construire des rituels interactifs normaux.
Ontogenèse et interactions : un apprentissage progressif
Le développement de l'empathie chez les mammifères passe par des étapes cruciales. Par exemple, chez les macaques, un bébé ne répond initialement qu’à des stimuli internes. Mais vers l'âge de sept mois, il commence à prendre en compte les réactions de sa mère. Il la regarde pour obtenir une réponse avant d’offrir son dos pour être toiletté. Ce processus, explique Cyrulnik, illustre l'évolution neurologique qui permet à l'enfant de comprendre et d'interagir avec l'altérité.
Lorsque ces interactions sont perturbées, comme c’est le cas pour les macaques souffrant de carences affectives, les conséquences sont visibles : leur incapacité à se socialiser se traduit par des problèmes de santé physique, comme des infections récurrentes, et des comportements atypiques. Cyrulnik y voit un exemple de raisonnement systémique, où chaque perturbation dans un élément du système (par exemple, la mère) a des répercussions en cascade sur l’enfant.
La dimension systémique des relations et des comportements
Cyrulnik souligne que l'empathie repose sur des interactions biologiques et comportementales. Chez les animaux comme les mammifères marins ou les goélands, des comportements d’entraide et de solidarité témoignent de la prédisposition à répondre aux besoins de l'autre. Chez les primates, ces comportements se manifestent également, y compris envers les membres les plus vulnérables du groupe, comme les petits trisomiques.
Chez les humains, l'empathie prend une dimension supplémentaire grâce au lobe préfrontal et à la parole, qui permettent de répondre à des stimuli complexes, parfois décontextualisés. Ainsi, un bébé, dès qu’il commence à pointer du doigt, ne se contente pas d'interagir avec un objet extérieur, mais agit sur le monde mental de sa figure d’attachement, établissant ainsi une base pour la parole et la communication future.
L’impact de l’environnement sur le développement de l’empathie
L'environnement sensoriel et émotionnel d'un enfant joue un rôle crucial dans son développement. Les bébés exposés à des environnements malheureux ou appauvris montrent des retards de développement, notamment dans la capacité à établir des interactions sociales. Cyrulnik décrit comment une niche affective stable favorise la croissance cérébrale et le développement des neurones miroirs, ces cellules cérébrales qui permettent de ressentir et de reproduire les actions et émotions des autres.
Il conclut cette partie en soulignant l’importance d’un soutien politique et éducatif pour garantir un environnement stable aux mères et aux bébés, soulignant que ces conditions favorisent le développement de l’empathie et d’autres compétences essentielles.
Boris Cyrulnik explore les neurones miroirs et leur impact sur l'empathie
Boris Cyrulnik aborde les travaux du neurologue Rizzolatti, qui a mis en lumière l’existence des neurones miroirs. Ces neurones, situés notamment dans l’insula, activent une résonance entre les individus. Par exemple, lorsqu’une personne voit quelqu’un vomir, son propre insula s’active, la préparant physiologiquement au vomissement, bien qu’elle ne soit pas malade. Cette découverte illustre à quel point nos cerveaux sont interdépendants et sensibles au bien-être des autres.
Cyrulnik insiste sur une idée clé : le développement individuel est intimement lié à celui du groupe. Pour favoriser son propre bien-être et celui de ses enfants, il est crucial de soutenir et de stimuler l’ensemble du groupe social. Une approche centrée exclusivement sur l’individu, comme le promeut parfois la culture occidentale, est réductrice et, selon Cyrulnik, peut être perçue comme une forme de raisonnement raciste en supposant que certains individus possèdent intrinsèquement une meilleure qualité cérébrale que d’autres.
L’influence du milieu sur le cerveau et les émotions
Les travaux récents de chercheurs tels que David Cohen à la Pitié-Salpêtrière démontrent l’impact du milieu sur le développement cérébral. Les enfants évoluant dans des environnements appauvris, qu’ils soient affectifs, sociaux ou matériels, présentent souvent des dysfonctionnements au niveau du cortex préfrontal. Cette région du cerveau, essentielle pour réguler les émotions, peut subir une pseudo-atrophie lorsque les enfants ne sont pas suffisamment stimulés.
Cyrulnik explique que dans de telles conditions, l’amygdale rhinencéphalique – siège des émotions intenses comme la peur ou la colère – devient hyperactive, rendant les enfants incapables de contrôler leurs réactions émotionnelles. Ils interprètent alors des interactions banales comme des agressions, ce qui complique leur socialisation.
La résilience : une capacité à reconstruire
Malgré les effets délétères d’un environnement défavorable, Cyrulnik souligne la plasticité du cerveau et sa capacité de résilience. Lorsqu’un enfant est placé dans un environnement sécurisant, les dysfonctionnements cérébraux peuvent commencer à se corriger en quelques heures à peine. Par exemple, la nuit suivant une amélioration de son cadre de vie, un enfant peut retrouver un sommeil réparateur et recommencer à sécréter des hormones de croissance.
[ ... ]
>> Pour lire la suite, merci d'acheter le livre numérique. Il se trouvera ensuite disponible dans votre compte FormationsPsy en format PDF