La relation d'aide [À lire]
Synthèse détaillée de la formation de Nicolas Sajus, psychologue, disponible sur le site web de formationspsy (H4 Éditions, partenaire de : Éducation & Famille - Université de Mons)
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[Extrait de la synthèse]
La Relation d'Aide : Origines et Évolution
Nicolas Sajus explique que la relation d'aide, telle qu'on la conçoit aujourd'hui, plonge ses racines dans l'histoire de l'accompagnement, en remontant à l'époque de la charité chrétienne, notamment avec des figures comme Saint Vincent de Paul et Saint François de Sales. Elle s’est ensuite développée aux États-Unis au XXe siècle, à travers l'implication des pasteurs protestants. En 1925, le docteur Cabot propose une formation à l’accompagnement dans une publication scientifique, marquant un tournant dans cette pratique.
Dans les années 1930, la relation d'aide s’inscrit dans une dynamique de solidarité et de fraternité, avant de s’affiner dans les années 1950 avec une approche psychopédagogique. Cette évolution culmine dans les années 1960 avec Carl Rogers, qui conceptualise l'approche centrée sur la personne (ACP). Rogers, influencé par sa formation en théologie et sa transition vers la psychologie, postule que chaque individu possède en lui les ressources nécessaires à son évolution, un principe central à la relation d'aide.
Carl Rogers et l’Approche Centrée sur la Personne
Carl Rogers développe l'ACP, une méthode fondée sur l'écoute et l'empathie. Pour lui, ces deux attitudes sont essentielles pour permettre aux personnes accompagnées d’accomplir leur propre cheminement. Rogers insiste sur une posture basée sur l’être, et non sur le faire, soulignant que le rôle de l’aidant est d’accompagner sans imposer, en misant sur les potentialités de l’autre.
Rogers se distingue des courants psychanalytiques et béhavioristes, bien qu'il en intègre certains éléments, pour élaborer une nouvelle voie : la psychologie humaniste. Cette dernière place au cœur de la relation d'aide la croissance et l'autonomie du sujet, en s’appuyant sur ses ressources propres. Nicolas Sajus met en avant cette perspective, en insistant sur l’importance de croire en les potentialités de la personne aidée pour favoriser le changement.
La Communication : Pilier de la Relation d’Aide
Nicolas Sajus rappelle que la relation d’aide commence par la communication, définie comme un processus interactif impliquant un émetteur, un récepteur et un retour d’information (feedback). Cette interaction va bien au-delà de simples échanges verbaux : elle inclut également des dimensions implicites et corporelles.
La compréhension du langage paradoxal – lorsque les mots expriment le contraire de ce que la personne ressent réellement – est essentielle. Cette complexité exige de l’aidant une écoute attentive et une observation fine, non seulement des mots explicitement énoncés, mais aussi des postures et des mimiques du sujet.
Une Approche Éthique et Centrée sur les Besoins de l’Autre
L’une des spécificités de la relation d’aide, selon Nicolas Sajus, réside dans son ancrage éthique. Elle demande à l’aidant de respecter le cadre contextuel et organisationnel tout en adoptant des attitudes adaptées. La relation d’aide ne se limite pas à une discussion ou à un interrogatoire : elle vise à mobiliser les ressources de la personne accompagnée pour l’aider à recouvrer son autonomie.
Cette approche repose également sur une compréhension approfondie des besoins humains. Sajus s’appuie sur deux modèles : la pyramide des besoins de Maslow (physiologiques, de sécurité, d’appartenance, d’estime et d’accomplissement) et les 14 besoins fondamentaux définis par Virginia Henderson. Ces besoins, qu’ils soient physiques, affectifs ou spirituels, constituent la base de tout accompagnement efficace.
La Spiritualité : Une Dimension à Ne Pas Négliger
Enfin, Nicolas Sajus évoque la dimension spirituelle, qui joue un rôle clé dans la relation d’aide. Il distingue clairement spiritualité et religion, insistant sur le fait que la spiritualité renvoie à ce qui donne sens à la vie. Cette dimension, bien qu’intangible, est essentielle pour évaluer les valeurs et aspirations de la personne accompagnée.
En conclusion, Nicolas Sajus nous invite à réfléchir sur la manière dont nous menons nos entretiens, en plaçant l’éthique, l’écoute et l’accompagnement centré sur l’être au cœur de notre pratique.
L'Importance de la Posture dans la Relation d'Aide
Nicolas Sajus insiste sur l'importance de la posture de l’aidant dans la relation d’aide. Il souligne que cette posture doit être marquée par l’humilité, s’éloignant de la tentation de jouer le rôle de sauveur ou d'adopter ce qu’il appelle la "posture du Saint-Bernard". Selon lui, l’aidant n’est pas un héros, mais un accompagnateur qui éclaire le chemin de la personne aidée tout en respectant son rythme et sa volonté.
Cette posture implique un questionnement sur soi-même : est-ce que l’aidant est dans une dynamique de toute-puissance ou dans une posture congruente et authentique? La congruence, concept clé de Carl Rogers, consiste à tendre vers une harmonie entre ce que l’on dit et ce que l’on fait, bien que Nicolas Sajus reconnaisse la complexité de ce principe, car tout individu est par nature paradoxal.
L’Éthique Relationnelle et la Conscience de Soi
Pour accompagner efficacement, l’aidant doit avoir une conscience claire de ses motivations personnelles. Nicolas Sajus met en garde contre le risque de projeter ses propres solutions ou expériences sur l’autre, soulignant que chaque individu a des ressources uniques. Il insiste sur la nécessité d'un travail sur soi pour éviter de confondre empathie et projection.
Il donne l’exemple des contextes émotionnellement difficiles, comme l’accompagnement en fin de vie ou dans des situations de grande précarité, qui nécessitent une sécurité intérieure solide. L’aidant doit être capable de laisser l’autre libre de ses pensées et de ses choix, tout en adoptant une posture d’accueil inconditionnel, concept central de Rogers. Ce dernier ne signifie pas l’absence totale de résonance émotionnelle, mais plutôt une capacité à suspendre le jugement.
L’Empathie : Une Posture d’Accompagnement, Pas de Fusion
Nicolas Sajus explore également la notion d'empathie, souvent mal comprise. Il la distingue de la compassion : là où la compassion consiste à souffrir avec l'autre, l'empathie, selon Rogers, implique de percevoir le cadre de référence de l’autre comme si l’on était à sa place, sans jamais perdre la distance du "comme si".
Cette distinction est essentielle pour éviter que l’aidant ne porte la souffrance de la personne accompagnée, ce qui pourrait conduire à un épuisement émotionnel. Sajus souligne que les métiers de l'humain, souvent confrontés à des contextes de souffrance, nécessitent des espaces de supervision pour permettre aux professionnels de travailler sur leur positionnement et de prévenir les risques d’effondrement psychologique.
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