Les violences conjugales [À lire]
Synthèse détaillée de la formation de Christophe Herbert, psychologue, disponible sur le site web de formationspsy (H4 Éditions, partenaire de : Éducation & Famille - Université de Mons)
> Tarif pour le téléchargement de ce livre : 4.90€
[Extrait de la synthèse]
Introduction aux Violences Conjugales : Définitions et Concepts Clés
Christophe Herbert introduit la formation sur les violences conjugales en commençant par une définition de la violence, inspirée par la philosophe allemande Hannah Arendt. Arendt définit la violence comme un moyen utilisé pour asseoir un pouvoir sur l'autre, illustrant un rapport de force où l'un devient sujet et l'autre objet. Cette définition s’applique pleinement aux violences conjugales, selon Herbert, car elles mettent en scène un rapport de domination dans lequel l'agresseur, ou auteur, impose sa volonté sur la victime, cette dernière étant objectifiée.
Les Violences Conjugales et la Notion de Genre
Herbert souligne que les violences conjugales peuvent être perpétrées par un homme sur une femme, mais aussi dans l'autre sens, ainsi que dans des couples homosexuels. Cependant, il rappelle que, dans une très large majorité des cas — environ 98 % selon les statistiques — les violences sont exercées par des hommes sur des femmes. Dans ce contexte, on peut parler de « violences de genre », en raison de l'inégalité structurelle qui persiste entre les sexes au sein de notre société. Herbert insiste sur l’importance de garder à l’esprit cette disproportion, afin de mieux appréhender les dynamiques de pouvoir dans les violences conjugales.
La Définition Belge des Violences dans les Relations Intimes
Herbert introduit également la définition belge des violences dans les relations intimes, issue de la conférence interministérielle de 2006. Selon cette définition, les violences dans les relations intimes englobent des comportements variés (actes, attitudes) visant à contrôler et dominer un partenaire ou un ex-partenaire. Cette notion de « domination » est centrale, et Herbert souligne que les violences conjugales ne cessent pas toujours après une rupture ; elles peuvent perdurer avec des ex-partenaires, prolongeant l’emprise et les comportements de contrôle.
La Violence sous Diverses Formes : Un Phénomène Multidimensionnel
Contrairement à l’image souvent véhiculée des violences conjugales comme étant purement physiques, Herbert élargit le spectre de cette violence. En plus des agressions physiques, il mentionne les menaces verbales, les contraintes psychologiques, les violences sexuelles, et même les violences économiques. Ces différentes formes affectent l’intégrité de la victime, mais également sa capacité d’intégration socioprofessionnelle, illustrant la portée des violences conjugales dans tous les aspects de la vie de la victime.
L'Impact des Violences Conjugales sur les Enfants et la Famille
Herbert insiste sur le fait que les violences conjugales affectent non seulement la victime directe mais également les autres membres de la famille, en particulier les enfants. Des recherches récentes soulignent l'impact de ces violences sur le développement des enfants, qui peuvent porter les séquelles de ces expériences traumatisantes jusqu’à l’âge adulte. Ainsi, les violences conjugales s’inscrivent dans une dynamique de violence intrafamiliale qui impacte l’ensemble du système familial.
La Violence Conjugale : Symbole des Inégalités de Pouvoir entre Hommes et Femmes
En conclusion de cette première partie, Christophe Herbert rappelle que les violences dans les relations intimes sont l’expression privée d’inégalités de pouvoir plus larges, présentes au sein de notre société. Ces relations de pouvoir inégales sont souvent genrées, et la sphère privée devient le théâtre de cette domination systémique. Les violences conjugales sont ainsi révélatrices d’une inégalité sociale persistante qui s’ancre profondément dans les rapports entre hommes et femmes.
L'intégration des Violences Conjugales dans la Santé Publique par l'OMS
Christophe Herbert note un tournant décisif dans les années 90 lorsque l’Organisation Mondiale de la Santé (OMS) a commencé à considérer les violences conjugales comme une question de santé publique. Ce fut une première, marquant l’intersection entre justice et santé publique. Dans cette optique, l’OMS a mené une enquête de prévalence dans dix pays membres, portant sur 24 097 femmes. Les résultats ont révélé que, selon les pays, entre 15 % et 70 % des femmes interrogées avaient subi des violences conjugales, soulignant ainsi l’ampleur de ce problème. En Europe, une étude de l’Agence des droits fondamentaux de l’Union européenne de 2014 révèle qu’en moyenne, une femme sur cinq a été victime de violences physiques ou sexuelles de la part de son partenaire actuel ou ex-partenaire depuis l’âge de 15 ans.
Les Statistiques Alarmantes en Belgique et en France
En Belgique, la prévalence des violences conjugales est préoccupante, avec 162 décès en 2013 liés à ces violences, et 39 746 procès-verbaux enregistrés pour des faits de violences conjugales. Chaque année, environ 45 000 dossiers sont traités par les parquets, mais Herbert souligne que cela correspond souvent à une prise de conscience tardive de la victime, qui ne porte plainte qu'après en moyenne 35 événements de violence. En France, en 2014, les statistiques sont tout aussi alarmantes, avec 118 femmes et 25 hommes tués par leur conjoint ou ex-conjoint, et 35 enfants mineurs tués dans des violences au sein du couple. Une enquête révèle qu’environ 223 000 personnes par an sont victimes de violences conjugales en France.
La Prévalence de la Violence Conjugale chez les Enfants Témoins et Victimes
Herbert attire l’attention sur l’impact des violences conjugales sur les enfants : dans quatre cas sur cinq, les enfants sont exposés à cette violence, et dans trois cas sur cinq, ils en sont directement victimes. Ces enfants, souvent marqués psychologiquement, deviennent des témoins de violences répétées qui affectent durablement leur développement. Herbert souligne également l'importance de considérer les « chiffres noirs », c'est-à-dire les cas non signalés. En France, seuls 14 % des personnes victimes de violences conjugales portent plainte, laissant une majorité de victimes dans l’ombre.
La Chronicité des Violences Conjugales et le Concept d'Emprise
La violence conjugale est rarement un événement isolé ; dans 70 % des cas, elle se répète, s’inscrivant dans une dynamique de chronicité. Herbert explique que cette répétition est souvent favorisée par un phénomène d'emprise, qui maintient la victime dans une situation où elle hésite à dénoncer ou quitter son agresseur. La honte, la peur des représailles, la dépendance économique, ou encore la pression familiale sont autant de facteurs qui dissuadent les victimes de signaler les violences ou de se séparer de leur agresseur.
Les Disparités de Condamnation et la Réponse de la Justice
Les statistiques montrent que malgré le nombre élevé de violences conjugales signalées, seules 12 584 condamnations ont été prononcées en 2006, avec seulement 2 461 peines de prison ferme. Herbert souligne l’écart entre le nombre de plaintes déposées et les condamnations effectives, rappelant que la justice n’apporte pas toujours la protection espérée aux victimes. Cet écart peut dissuader les victimes potentielles de porter plainte, craignant que cela n’entraîne pas de conséquences concrètes pour l'agresseur.
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