Troubles de l'attachement comme source de vulnérabilités addictives [À lire]
Synthèse détaillée de la formation de Michel Delage, psychiatre, disponible sur le site web de formationspsy (H4 Éditions, partenaire de : Éducation & Famille - Université de Mons)
> Tarif pour le téléchargement de ce livre : 4.90€
[Extrait de la synthèse]
Michel Delage explique les fondements de la théorie de l'attachement
Michel Delage introduit son exposé sur l'approche systémique de l'attachement en rappelant les bases de cette théorie, soulignant qu’elle repose sur un « système motivationnel de protection génétiquement programmé », une formulation proposée par John Bowlby. Bowlby, un psychanalyste influencé par l'éthologie, a défini ce système comme un mécanisme sélectionné par l'évolution. Cette conception, relativement simple et accessible, permet de comprendre des réalités cliniques observables, lesquelles peuvent ensuite inspirer des pratiques thérapeutiques.
L’attachement : un concept pour toute la vie
Bien que les recherches initiales aient été centrées sur les interactions précoces, Bowlby a affirmé que l’attachement persiste tout au long de la vie, de « du berceau à la tombe ». Cette continuité de l’attachement a des implications profondes pour la pratique clinique, notamment par l’instauration d'une « base de sécurité » essentielle pour le développement de l’enfant. Dans cette perspective, l’attachement procure à l’enfant un sentiment de tranquillité et de quiétude, constituant ainsi un socle pour son bien-être émotionnel.
La nature dyadique et asymétrique des interactions d'attachement
Delage insiste sur la nature dyadique et asymétrique des interactions d'attachement. Ces interactions se caractérisent par des besoins exprimés par l’enfant, auxquels la figure d’attachement répond de manière plus ou moins adéquate. Bowlby a spécifiquement décrit ces échanges en termes d’éléments tels que le sourire, la chaleur de l’étreinte, la douceur du toucher, et les signaux sensoriels et moteurs lors de l’allaitement. Ce processus inclut également la « concordance des rythmes », concept développé par des psychanalystes influencés par Bowlby, qui soulignent que dans un attachement de qualité, dit « sécure », il y a une synchronisation des rythmes entre l’enfant et sa figure d’attachement. Cette harmonie rythmique est cruciale pour l’établissement d’un attachement sécurisant.
Les types d’attachement décrits par la situation étrange
Michel Delage passe ensuite en revue les quatre types d’attachement identifiés par les travaux de Mary Ainsworth à partir de l'expérience de la « situation étrange ». Parmi ces catégories, l’attachement sécure se distingue comme étant idéal, offrant à l’enfant une base solide et une satisfaction de ses besoins fondamentaux. Delage note une distinction entre le terme anglais « secure » et son équivalent français « sécur », insistant sur l’idée de quiétude et de solidité du lien, au-delà de la simple notion de sécurité.
Les attachements insécures et leurs fonctions adaptatives
Delage décrit ensuite les formes d’attachements insécures, qui, bien que fonctionnels, ne sont pas idéaux. L’attachement insécure évitant est caractérisé par un enfant qui apprend à ne pas trop exprimer ses émotions face à une figure de soin peu responsive. Cette stratégie, bien que loin d'être pathologique, est un mécanisme d’adaptation. À l’opposé, l’attachement insécure anxieux-ambivalent est marqué par un enfant qui amplifie ses attentes et l’expression de ses émotions pour répondre à un manque de satisfaction de ses besoins. Ces deux types d’attachement illustrent la capacité d’adaptation de l’enfant face à des figures d’attachement insuffisamment présentes ou incohérentes dans leurs réponses.
L’attachement désorganisé : absence de stratégie adaptative
Enfin, Delage présente l’attachement insécure désorganisé, une catégorie décrite par Mary Main. Dans ce cas, l’enfant est confronté à une figure de soin perçue comme effrayante, ce qui empêche l’enfant de développer une stratégie adaptative cohérente. Cette figure de soin peut être elle-même en proie à des difficultés émotionnelles, créant ainsi un environnement incertain pour l’enfant. L’attachement désorganisé se manifeste alors par des comportements imprévisibles, reflétant l’incapacité de l’enfant à se sécuriser face à une figure de soin instable
ou déstabilisante.
L'attachement au-delà du modèle dyadique : la place du père
Michel Delage souligne que l'attachement ne se limite pas aux interactions entre l’enfant et une figure de soin unique, généralement la mère, bien que celle-ci occupe souvent une position centrale, ce qui a d'ailleurs suscité des critiques de la part des mouvements féministes. En complément de cette figure principale, des figures secondaires interviennent également dans le développement de l’enfant, qu'il s'agisse du père, de grands-parents, de nourrices ou de personnels de crèche. Delage accorde une attention particulière au rôle du père, considéré comme une figure secondaire de par son absence durant la grossesse et les premiers instants de vie. Néanmoins, il va jouer un rôle crucial en introduisant une dimension triadique dans l’attachement.
Le père : passage d’un attachement dyadique à triadique
Pour Delage, la contribution du père est essentielle car elle introduit une structure triadique dans la dynamique familiale, enrichissant ainsi le modèle d'attachement. Dans les interactions précoces, généralement diadiques, l’enfant développe un attachement spécifique avec chaque figure de soin, avec des réponses qui peuvent varier entre la mère et le père, par exemple. Cette diversité permet à l’enfant de construire des « représentations d’attachement » multiples, soit similaires, soit contradictoires, selon les comportements répétés observés chez les figures de soin.
Les premiers stades de l’attachement : les tâches nourricières
Jusqu’à environ un an et demi, Delage explique que l’attachement est fondé sur des interactions corporelles et comportementales autour des tâches nourricières. L’enfant, en totale dépendance, n’a aucune autonomie ni capacité de survie. Son besoin de proximité et de contact avec ses figures de soin est donc vital pour sa survie et son bien-être émotionnel. À ce stade, les interactions visent à réguler la distance physique avec la figure d'attachement, garantissant un apaisement des émotions négatives comme le stress ou l’angoisse.
Le développement de la motricité et l’émergence des tâches éducatives
À mesure que l’enfant gagne en autonomie motrice, il entre dans une phase de découverte et d’exploration de son environnement. Delage rappelle ici un point clé de Bowlby : l'attachement est non seulement une base de sécurité mais aussi un moteur de l'exploration. À ce stade, l’enfant apprend qu’il peut s’éloigner de sa figure de soin tout en étant en mesure de retrouver cette proximité rassurante en cas de besoin. Cependant, cette exploration s'accompagne de la découverte de la frustration et des limites imposées par l’autorité parentale, un processus dans lequel le père joue un rôle prépondérant.
La stimulation des émotions positives : la contribution unique du père
Delage observe que, dans les tâches nourricières, le père, bien que présent, joue souvent un rôle en arrière-plan par rapport à la mère. Cependant, sa contribution se distingue dans la stimulation des émotions positives chez l’enfant. Contrairement à la mère, le père s’investit plus activement dans des interactions stimulantes, qui sont propices au développement de la confiance et de l’autonomie émotionnelle de l’enfant. Par exemple, Delage évoque le geste fréquent du père qui lance l’enfant en l'air avant de le rattraper, un jeu générateur de rires et de sensations fortes pour l’enfant.
[ ... ]
>> Pour lire la suite, merci d'acheter le livre numérique. Il se trouvera ensuite disponible dans votre compte FormationsPsy en format PDF