Troubles de l'attachement comme source de vulnérabilités addictives [À lire]
Synthèse détaillée de la formation du Dr Gérard Ostermann, disponible sur le site web de formationspsy (H4 Éditions, partenaire de : Éducation & Famille - Université de Mons)
> Tarif pour le téléchargement de ce livre : 4.90€
[Extrait de la synthèse]
Un conte initiatique : l’engagement de la parole
Gérard Ostermann introduit sa formation en racontant un conte. Sur une plage africaine, un pêcheur découvre un crâne blanchi. Par jeu, il interpelle le crâne, qui, à son étonnement, répond. Excité, il court informer le roi du village, qui le prend pour un fou mais décide de le suivre jusqu’au crâne. Là, malgré les insistances du pêcheur, le crâne reste silencieux. En colère, le roi ordonne l’exécution du pêcheur, et lorsque sa tête tombe près du crâne, elle s’interroge : « Pourquoi es-tu là ? » La réponse est immédiate : « À cause de la parole. »
Ostermann explique ici que ce conte illustre la puissance de la parole, capable d'engager et d’entrainer vers la mort aussi bien que vers la vie. La parole, selon lui, nous inscrit dans un processus de connexion et de responsabilité. Par cette entrée en matière, il pose la question de l’attachement et des addictions, nous rappelant que la parole, en tant que lien, est au cœur de ces vulnérabilités.
L’addiction comme produit de la société de consommation
En évoquant une expérience personnelle lors d’une visite dans un supermarché, Gérard Ostermann décrit sa surprise face à l’emballage d’un produit cosmétique nommé « Dior Addict ». Il y voit une stratégie commerciale où le mot « addict » est utilisé pour rendre un produit plus désirable. Ostermann fait un parallèle avec d'autres produits portant des étiquettes similaires, tels que « Nature Addict » ou des émissions nommées « Addiction », notant que l’addiction est devenue, dans notre culture, un objet de désir.
Pour Ostermann, cette manipulation commerciale souligne un renversement des valeurs. Là où le manque et l’interdit étaient auparavant intégrés dans le rapport aux objets, la société moderne, en quête de satisfaction immédiate, glorifie désormais la dépendance. Ce changement s’accompagne, selon lui, d’un effacement progressif du sujet dans son rapport à l’objet.
Attachement insécurisé et vulnérabilité addictive
Ostermann explique ensuite pourquoi il a intitulé son exposé « Troubles de l’attachement : une vulnérabilité addictive ». Fort de ses vingt ans d’expérience dans la prise en charge des addictions à l’alcool et des troubles de la conduite alimentaire, il observe que les personnes souffrant d’addictions présentent souvent un trouble de l’attachement, une insécurité de base. Il précise qu’être en insécurité ne conduit pas systématiquement à des comportements addictifs, mais qu’une majorité de personnes dépendantes (80 à 90 %) présente ce type de trouble.
À travers l’image de l’enfant souffrant d’un attachement insécurisé, il évoque un enfant sans repères, en errance, à la recherche de valeur et de stabilité. Ostermann illustre cette idée avec une citation de Boris Cyrulnik, décrivant cet enfant comme un « épouvantail ». Il constate que cette insécurité affective peut conduire, plus tard dans la vie, à des conduites toxiques ou errantes, le résultat d’une perte de soi et d’un effondrement de la confiance de base.
La blessure de l’attachement et la rupture de la confiance de base
Ostermann souligne l'impact des traumatismes relationnels de l'enfance, rappelant que ceux-ci peuvent détruire la confiance de base en soi, dans les autres, et dans l’avenir. Les enfants victimes de négligence affective, ou ayant connu un attachement défaillant, subissent un envahissement constant de leur passé, ce qui les rend incapables de mobiliser des ressources dans le présent et de se projeter dans l’avenir.
Dans ce contexte, Ostermann évoque l’humour comme une ressource pour éviter la dépression, illustrant cela par l’anecdote d’un patient qui, résumant son état, lui a confié : « Mon passé est épouvantable, mon présent est invivable, mais il y a une chose qui me rassure, c’est que je n’ai pas d’avenir. » Pour Ostermann, cette phrase résume de façon ironique et tragique la vision qu’ont ces patients de leur vie.
L’addiction : une passion moderne
Dans sa présentation, Ostermann revient sur la notion d’addiction en la replaçant dans une perspective historique et philosophique. Il rappelle que pour les Grecs, les passions – ancêtres de ce que nous appelons aujourd’hui les addictions – étaient perçues comme des états dangereux. Spinoza parlait de « servitude », tandis que Freud et Marx utilisaient le terme « aliénation ». Pour y remédier, les anciens préconisaient des pratiques de maîtrise de soi comme l’ascèse ou la prière.
Aujourd’hui, en revanche, notre société réagit à l’addiction comme à un vide, un manque affectif ou psychologique qu’il faut combler par la consommation. Dans une société d’abondance et de surconsommation, ce manque se traduit par une quête incessante de satisfaction. Ostermann souligne que cette approche risque de nier l'essence même de l’homme, qui est d’apprendre à vivre avec son manque, non à le combler.
L’homme face à la question de l’existence
Pour Ostermann, la véritable humanité apparaît quand l’homme est capable de se questionner sur son existence, de se poser des questions fondamentales comme « d’où je viens ? », « où vais-je ? ». Il insiste sur le rôle crucial des questions, plus que des réponses, pour donner un sens à la vie. Rappelant la traversée du désert par les Hébreux, il explique que la « manne », ce qui les a soutenus, peut se traduire par la question « qu’est-ce que c’est ? ». Ainsi, ce qui nourrit et guide l’homme, c’est avant tout sa capacité à interroger le monde qui l’entoure et à se positionner face à lui.
Pour Ostermann, l’homme est une « question » pour lui-même, une énigme qui se dévoile dans la quête de sens et dans la capacité à se questionner sur son rapport à la vie, aux autres et à soi-même.
Les paradoxes de la consommation et la question de l'addiction en France
Gérard Ostermann aborde la question de l'addiction à travers une observation du contexte français, où la consommation de psychotropes figure parmi les plus élevées d’Europe. Il souligne également l’actualité de la dépénalisation du cannabis, s’amusant de la coïncidence de la « Journée sans tabac » le 31 mai, qui pourrait être suivie d’une potentielle « journée de légalisation » le 1er juin. Cependant, Ostermann rappelle que le problème de fond demeure complexe et bien loin d’être résolu. En explorant les différentes formes de consommation – qu’elles soient festives, récréatives, autothérapeutiques ou toxicomaniaques – il introduit le spectre des comportements addictifs, suggérant que la consommation de substances répond à une pluralité de facteurs et de motivations.
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