Les 5 récits de Soi [À lire]
Synthèse détaillée de la formation de Boris Cyrulnik, psychiatre, disponible sur le site web de formationspsy (H4 Éditions, partenaire de : Éducation & Famille - Université de Mons)
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[Extrait de la synthèse]
Le pouvoir des mots sur la biologie
Boris Cyrulnik explique que la communication ne se résume pas à la simple articulation de mots ; elle a aussi un impact direct sur notre physiologie et notre état émotionnel. En effet, lorsqu’une personne nous parle d'une manière agressive ou insultante, notre corps réagit en augmentant la sécrétion d'hormones de stress comme les catécholamines. À l’inverse, des mots bienveillants et réconfortants favorisent la production d’endorphines, nous procurant un sentiment de bien-être. Ainsi, les mots ont une véritable capacité d'influencer notre biologie, renforçant le fait que la manière de dire importe autant que le contenu.
L'impact des insultes répétées sur le cerveau des enfants
Cyrulnik illustre ensuite cette influence en évoquant les recherches du neuroradiologue brésilien De Souza. Ce dernier a observé des anomalies cérébrales chez des enfants régulièrement exposés à des insultes verbales, sans être physiquement maltraités. Par exemple, un enfant appelé par sa mère "tête de l'art" répondait docilement, sous les rires de l’entourage. Cependant, les résonances magnétiques de ces enfants révèlent des altérations au niveau du corps calleux, la structure permettant la communication entre les deux hémisphères cérébraux, essentielle à la régulation émotionnelle. Ces résultats montrent qu'une maltraitance verbale persistante peut entraîner des changements biologiques profonds, et que l'entourage, souvent complice de ces comportements, joue un rôle dans cette dynamique.
L'effet destructeur de la rumination solitaire sur la mémoire traumatique
Pour Cyrulnik, lorsqu'un individu subit un traumatisme, la tendance naturelle est de ruminer, de ressasser inlassablement les événements douloureux. Cette rumination, bien qu’humaine, renforce la mémoire traumatique et aggrave le syndrome psychotraumatique, emprisonnant l'individu dans une boucle de souffrance. La répétition des pensées douloureuses maintient l'esprit dans un état d'impuissance face à l'événement passé, ce qui empêche le processus de guérison et prolonge le traumatisme.
L'importance d'un interlocuteur sécurisant pour le processus de guérison
Boris Cyrulnik souligne que, pour se libérer de la rumination, il est essentiel d'échanger avec une personne de confiance. L'acte de se confier à une base sécurisante, telle qu'un thérapeute empathique ou un proche bienveillant, aide à apaiser la souffrance. En revanche, lorsque la personne en face représente une source d'insécurité, comme un thérapeute qui manque d'empathie, l’échange peut exacerber les sentiments de détresse. Cyrulnik note que, dans des contextes de violence ou de pauvreté, des figures alternatives comme des danseurs, des footballeurs ou des musiciens peuvent jouer un rôle crucial en redonnant une dignité et un but aux jeunes délinquants, leur offrant une issue vers un futur plus constructif.
Le récit collectif comme influence des valeurs sociales
Le psychologue mentionne également l'importance du regard collectif dans la formation de l’image de soi. L’entourage peut accentuer un comportement, valorisé ou non par la société, influençant ainsi les choix et l’identité des individus. Par exemple, dans les favelas, les figures valorisées ne sont pas seulement les policiers ou les autorités, mais aussi les artistes ou les sportifs, capables de transformer des vies en offrant une alternative à la violence. Ce soutien du groupe social encourage un individu à embrasser des valeurs plus constructives et contribue à l'évolution personnelle et sociale.
L'impact de la technologie sur le développement des jeunes générations
Pour conclure cette partie, Boris Cyrulnik évoque l’influence de la technologie dans le développement des jeunes. Il explique que les jeunes façonnés par les interactions numériques et l’omniprésence des écrans présentent des différences cérébrales notables par rapport aux générations précédentes. Passer plus de trois heures par jour devant un écran augmente le risque de dépression et diminue l'empathie, la capacité de se décentrer pour comprendre l’autre. Ce phénomène, selon lui, pourrait mener à une forme de perversion sociale où l’indifférence à la souffrance d’autrui devient prédominante.
La pensée préverbale et son importance dans la compréhension émotionnelle
Boris Cyrulnik explore la notion de pensée préverbale, c’est-à-dire cette capacité à comprendre et ressentir des émotions sans avoir recours aux mots. Il évoque l’exemple de personnages de films muets, qui parviennent à exprimer leurs sentiments et intentions sans dialogue. Ces personnages, par leur simple présence et leurs gestes, transmettent des émotions puissantes, qu'il s'agisse d’amour, de peur ou de tendresse. Selon Cyrulnik, cette forme de compréhension précède même l’acquisition du langage et montre que des aspects fondamentaux de la communication humaine se déroulent en dehors des mots.
Les différences de développement verbal entre filles et garçons
Cyrulnik explique que dès le plus jeune âge, il existe des différences notables dans le développement verbal entre les filles et les garçons. En général, les filles commencent à parler avant les garçons et affichent une avance de maturation neuropsychologique d’environ deux ans, un avantage qui se traduit par une stabilité affective supérieure et une plus grande facilité à exprimer et comprendre les émotions. Cela se manifeste par une majorité de garçons dans les consultations de neuropsychiatrie infantile. Cependant, cette dynamique s'inverse souvent à la puberté, les filles devenant alors plus anxieuses, tandis que les garçons montrent davantage de confiance.
Impact de la pensée verbale sur les aptitudes mathématiques
Cyrulnik souligne que cette précocité verbale des filles peut influencer négativement leur développement dans des domaines comme les mathématiques, qui mobilisent des processus de pensée plus abstraits et préverbaux. Les garçons, moins enclins à utiliser la parole comme outil de réflexion dès leur plus jeune âge, continuent à développer des compétences en pensée préverbale, ce qui pourrait expliquer leurs meilleures performances en mathématiques. Il observe toutefois que ce n’est pas une fatalité et que des initiatives éducatives, comme celles entreprises au Québec pour encourager les filles en mathématiques, montrent que ces compétences peuvent être cultivées.
Les changements de santé liés à l’évolution des modes de vie des femmes
Avec l’évolution des rôles sociaux et des conditions de vie, Cyrulnik note un changement notable dans la santé neurologique et cardiovasculaire des femmes. En adoptant des modes de vie plus intenses et en s’engageant davantage dans des activités professionnelles parfois stressantes, les femmes voient augmenter les risques d’accidents vasculaires et d’infarctus. Bien que la consommation de cigarettes soit un facteur important, Cyrulnik mentionne aussi la manière de vivre et de travailler comme des éléments influençant la santé, illustrant ainsi comment les nouvelles exigences de la vie moderne affectent la santé physique et mentale des femmes.
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