Le trouble d'état limite [À lire]
Synthèse détaillée de la formation de Nicolas Sajus, psychologue, disponible sur le site web de formationspsy (H4 Éditions, partenaire de : Éducation & Famille - Université de Mons)
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[Extrait de la synthèse]
Introduction aux Troubles Borderline selon Nicolas Sajus
Nicolas Sajus explique qu'il s'apprête à présenter une clinique contemporaine centrée sur les troubles dits « états limites » ou troubles borderline, un sujet complexe en raison de la controverse théorique entourant ce diagnostic. Il reconnaît que ce diagnostic, autrefois perçu comme un fourre-tout, a été rejeté par certaines écoles de pensée, notamment lacaniennes. Cependant, au fil de son parcours, Sajus a observé que ce concept n’était pas aussi simple et a progressivement développé une compréhension plus nuancée de cette structure, qu'il qualifie d’« astructuration » et qu’il considère particulièrement pertinente dans le contexte actuel de notre société occidentale.
Évolution Théorique des Troubles Borderline
D'un point de vue historique, Sajus précise qu’il faut attendre 1938 pour voir les théories psychanalytiques s’intéresser à la frontière entre névrose et psychose. Les théories de l'époque cherchaient à comprendre comment la personnalité pouvait se structurer autour de deux types d’angoisses : l’angoisse de castration pour les personnalités névrotiques et l’angoisse de morcellement pour les personnalités psychotiques. Dans les années 80, ces distinctions se sont affinées, conduisant à une reconnaissance plus spécifique du diagnostic de personnalité limite, souvent appelée personnalité émotionnellement instable.
Les Différents Courants Théoriques
Sajus explore ensuite les divers courants qui ont contribué à l’étude des troubles borderline. Dans le courant psychanalytique, la notion de clivage des relations objectales est mise en avant. Le courant cognitivo-comportemental, quant à lui, souligne les schémas de pensée dysfonctionnels de ces patients. Par ailleurs, une perspective sociologique identifie une confusion identitaire, un trait souvent observé chez les personnes touchées, particulièrement chez les femmes. Enfin, le courant psychopharmacologique évoque un déséquilibre au niveau de la sérotonine et de la dopamine, tandis que le courant dialectique-comportemental aborde la question de la dysrégulation émotionnelle. Tous ces aspects témoignent de la complexité pluridimensionnelle de cette clinique.
Les Apports de Kernberg et Bergeret
Sajus met en lumière les contributions significatives de théoriciens comme Otto Kernberg et Jean Bergeret. Kernberg, pionnier dans l’étude de ce syndrome, introduit le concept d’identité diffuse, caractérisé par une absence de concept de soi intégré et de perception cohérente des objets en relation. Bergeret, de l’école lyonnaise, distingue cette organisation des conflits névrotiques et psychotiques, soulignant des caractéristiques propres aux personnalités borderline telles que l’angoisse d’abandon, le syndrome dépressif majeur et une dépendance relationnelle définie comme anaclytique.
Facteurs Étiologiques et Modèles d’Attachement
Sajus évoque les causes plurielles et complexes des troubles borderline, intégrant des interactions entre facteurs biologiques et environnementaux, en particulier familiaux. Il note une insécurité de base chez ces enfants, souvent victimes de maltraitance, d'abus, ou de violences psychologiques, qui contribuent à leur sentiment d'incompétence et de rejet. Inspiré par les théories de l’attachement de John Bowlby, Sajus souligne que ces expériences précoces de rupture de lien affectif marquent profondément ces enfants, qui intègrent des croyances négatives sur eux-mêmes et développent une incapacité à satisfaire leurs propres besoins fondamentaux.
Dysrégulations Neurobiologiques et Conséquences Comportementales
Les troubles borderline, explique Sajus, sont souvent associés à des dysrégulations neurobiologiques, en particulier au niveau noradrénergique et sérotoninergique, qui peuvent expliquer l’hyperactivité et l'instabilité émotionnelle de ces enfants. Ces dysrégulations contribuent également à leur impulsivité et à leur agressivité, des caractéristiques comportementales typiques de ces patients.
Épidémiologie et Tentatives de Suicide
Sur le plan épidémiologique, Sajus indique que les troubles borderline touchent environ 2 à 3% de la population générale, avec une prévalence deux fois plus élevée chez les femmes. Dans les milieux psychiatriques, ce diagnostic représente plus de 20% des cas, et le taux de tentatives de suicide est alarmant, atteignant 60 à 70%.
Les Adolescents « Incasables » et la Précocité de la Délinquance
Enfin, Sajus attire l’attention sur la problématique des adolescents, qu’il qualifie parfois d'« incasables », en raison de leurs comportements sociopathiques et de leur structure borderline. Il souligne que de nombreux jeunes d’aujourd’hui présentent des caractéristiques propres aux troubles borderline et que cela est lié, selon lui, à une montée de la primodélinquance chez les préadolescents en Occident.
La Dépression Essentielle des Personnalités Borderline
Nicolas Sajus explique que la dépression rencontrée chez les patients borderline n’est ni celle observée dans les troubles bipolaires, ni une dépression chronique ou réactionnelle. Selon Bergeret, il s’agit d’une dépression « essentielle » ou « analytique », qui reflète un vide intérieur profondément enraciné dans la vie des individus concernés, souvent depuis l'enfance. Ce type de dépression persiste malgré les traitements antidépresseurs, car elle est endogène et intrinsèque au sujet, échappant ainsi aux effets des traitements classiques.
Le Syndrome Basal et le Sentiment de Vide
Ce syndrome basal se caractérise par un sentiment constant d’incomplétude et de vide. Les individus affectés par cette condition ressentent un manque à être, accompagné d’un profond sentiment de solitude, qui peut se manifester par des somatisations. Pour ces patients, la peur de l’abandon est omniprésente, un aspect crucial à repérer lors de l’évaluation clinique. Ce n'est pas simplement la peur de la solitude, mais une angoisse de l’abandon qui traduit l’intensité de leur souffrance intérieure. Cette angoisse peut mener à des comportements autodestructeurs, comme des tentatives de suicide, et une dévalorisation marquée.
Mentalisation Pauvre et Difficultés d’Expression Émotionnelle
Chez ces individus, Sajus observe une « mentalisation pauvre », qui ne doit pas être confondue avec une déficience cognitive. Ils peuvent être intellectuellement brillants et socialement bien intégrés, mais restent incapables d’exprimer leurs émotions ou leur souffrance. Ils peinent à reconnaître et à nommer leurs états internes, ce qui peut créer un contraste frappant entre leur ressenti et ce qu’ils expriment. Par exemple, un patient peut subir un effondrement dépressif sévère tout en affirmant que tout va bien, révélant un clivage entre leur expérience interne et leur expression externe.
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