La communication perverse [À lire]
Synthèse détaillée de la formation de Benoit Demonty, psychologue, disponible sur le site web de formationspsy (H4 Éditions, partenaire de : Éducation & Famille - Université de Mons)
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[Extrait de la synthèse]
Introduction : Choix du Thème par Benoît Demonty
Benoît Demonty commence son séminaire en abordant la communication perverse, un sujet qu’il considère comme moins plaisant que d’autres thèmes qu’il a déjà explorés. Il explique son choix de titre, préférant parler de "communication perverse" plutôt que de "pervers narcissiques", bien que ce dernier terme soit souvent utilisé dans les discussions sur la toxicité relationnelle. Pour Demonty, la communication perverse est un concept plus large, pouvant être employé même par des individus qui ne sont pas diagnostiqués pervers narcissiques.
La communication perverse se définit par l’absence de volonté de "mettre en commun", allant à l’encontre de l’étymologie même du mot "communiquer". Ainsi, il n’est pas nécessaire d’être un pervers narcissique pour parfois recourir à des stratégies de communication perverse. Cependant, les pervers narcissiques, eux, en ont fait leur mode de communication privilégié. Demonty rappelle que si le narcissisme pervers touche environ 2 à 4 % de la population, la communication perverse pourrait concerner jusqu’à 90 % des gens à un moment donné de leur vie.
Le But de la Communication : Exercer une Influence
Demonty souligne qu’au-delà du simple échange d’informations, la communication implique souvent un jeu de pouvoir. Communiquer, c’est non seulement "mettre en commun", mais aussi "exercer un pouvoir" et "adresser des demandes". Dans ce processus, les demandes peuvent être explicites ou implicites. La première partie du séminaire vise à "déjouer les pièges de la communication perverse", en commençant par comprendre ses mécanismes pour éviter d’y tomber, puis en explorant des stratégies pour y faire face lorsque l’on s’y retrouve malgré soi.
La Communication Saine : Exemple Vidéo et Caractéristiques
Demonty propose d'abord de définir ce qu'est une "communication saine". Il introduit une vidéo d'exemple dans laquelle un dialogue professionnel se déroule de manière constructive. La vidéo met en scène un échange où les deux interlocuteurs s’écoutent mutuellement, reconnaissent les frustrations de l’autre et valident les efforts accomplis. Ce modèle de communication est selon lui un idéal, proche de la communication non violente et de l’affirmation de soi.
Les caractéristiques d’une communication saine sont les suivantes :
- Disponibilité : Les interlocuteurs sont présents et réceptifs, prêts à entendre et à répondre de manière ouverte.
- Acceptation de l’autre : Chaque personne reconnaît les émotions et les frustrations de l’autre, même en acceptant ses faiblesses.
- Clarté des messages : Si un message semble ambigu, une clarification est demandée, assurant une compréhension mutuelle.
- Interaction constructive : Le discours de l’un répond à celui de l’autre, les deux interlocuteurs construisant ensemble un dialogue cohérent.
- Gestion des conflits : Les différends sont abordés, reconnus et apaisés au lieu d’être niés ou refoulés.
Communication Malsaine : Une Inversion des Principes de la Communication Saine
Pour Demonty, la communication malsaine se manifeste par des comportements opposés à ceux de la communication saine, comme un "miroir inversé". Il identifie cinq caractéristiques essentielles de la communication malsaine, qui sont à l'opposé des principes d’ouverture et de respect mutuel.
- Absence de disponibilité : L’un des interlocuteurs est physiquement présent mais mentalement absent, refusant d’écouter ou de s’engager véritablement.
- Objectivation de l’autre : Plutôt que d’établir une relation "je-tu", l’interlocuteur traite l’autre comme un objet, un moyen pour parvenir à une fin, souvent pour satisfaire un besoin narcissique.
- Ambiguïté des messages : Contrairement à la communication saine, où l’on s’efforce d’être compris, ici, les messages sont volontairement flous, obligeant le récepteur à faire l’effort de les interpréter, ce qui crée une confusion propice à la domination.
- Refus de l’interaction : Les messages de l’autre sont ignorés, rationalisés ou réinterprétés de manière à créer une distance. Par exemple, si l’un des interlocuteurs exprime de la frustration, l’autre pourrait le déformer en une "jalousie" non fondée, créant un décalage qui empêche toute réelle communication.
- Négation des conflits : Les conflits sont soit niés soit refoulés. Lorsqu’ils sont exposés, ils sont rapidement minimisés ou attribués à l’imagination de l’autre, renforçant ainsi une dynamique où la réalité de l’autre est constamment remise en question.
En établissant cette distinction, Demonty vise à montrer comment ces cinq attitudes fondamentales illustrent les opposés de la communication saine, permettant ainsi de mieux comprendre les rouages de la communication perverse sans pour autant en faire l’apologie.
Harcèlement et Manipulation : Une Différence Subtile mais Cruciale
Dans cette seconde partie, Benoît Demonty se penche sur les notions de harcèlement et de manipulation, en soulignant leurs liens et leurs différences. Selon lui, bien que la communication perverse puisse s'exercer en dehors du contexte de harcèlement et de manipulation, elle trouve souvent un terrain favorable dans ces deux domaines. Il illustre ses propos à l’aide d’un témoignage vidéo poignant, où une femme raconte son expérience d’emprise sous l’influence d’un manipulateur.
Témoignage d'une Victime : La Progression de l'Emprise
Dans le témoignage présenté, la victime décrit une dépendance affective extrême envers son partenaire, qu’elle qualifie de "pervers narcissique". Elle parle de son "addiction" à sa présence, ses gestes et son regard, alimentée par une compassion pour le passé douloureux de cet homme. Ce récit met en lumière le caractère insidieux de la manipulation, qui commence souvent par une séduction douce, parfois sous couvert d’une apparente vulnérabilité de l'agresseur. Cette femme, poussée par le désir d'aider et de guérir, se retrouve progressivement sous influence.
L'un des aspects les plus troublants de la manipulation décrite est l'alternance entre des comportements tendres en public et des reproches incessants en privé, visant à déstabiliser la victime. Le manipulateur instaure un climat de doute en niant les faits et en accusant la victime de perdre la raison, renforçant ainsi sa dépendance et son isolement.
Le Profil des Victimes : Une Compassion à Risque
Demonty précise que bien que la victime soit "totalement victime", certaines caractéristiques personnelles peuvent attirer les manipulateurs. Les victimes de manipulation possèdent souvent des traits positifs tels que la bienveillance, l’empathie et une candeur relationnelle, qu’elles utilisent pour tenter de comprendre et de "réparer" l’autre. Ces qualités, bien que précieuses, les rendent plus vulnérables face aux manipulateurs, qui les exploitent pour asseoir leur emprise.
Chantal Paoli-Texier, présidente de l’AJC (Association contre la violence morale intrafamiliale), souligne que les manipulateurs choisissent souvent des personnes ayant "du répondant" plutôt que des personnalités fragiles. Pour eux, il est plus gratifiant de briser une personne solide et altruiste, ce qui confère une dimension perverse à leur comportement.
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