Le passage à l'acte suicidaire à l'adolescence [À lire]
Synthèse détaillée de la formation de Nicolas Sajus, psychologue, disponible sur le site web de formationspsy (H4 Éditions, partenaire de : Éducation & Famille - Université de Mons)
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[Extrait de la synthèse]
L'épidémiologie du suicide à l'adolescence selon Nicolas Sajus
Une préoccupation mondiale et complexe
Nicolas Sajus explique que le suicide à l'adolescence est devenu une préoccupation majeure des acteurs de la santé dans le monde entier. Cette période de la vie est caractérisée par une vulnérabilité accrue, rendant complexe la distinction entre une crise passagère et un risque réel de passage à l'acte dangereux pour l'intégrité physique ou psychique du jeune.
Il souligne que le consensus actuel est unanime sur l'importance de la prévention du suicide chez les adolescents, non seulement en Occident mais aussi dans des régions comme les Antilles. Par exemple, en Guyane française, le peuple amérindien est particulièrement concerné par cette problématique. Nicolas Sajus établit un lien entre le traumatisme et la question suicidaire, un sujet qui, selon lui, est souvent peu abordé.
Le suicide, première cause de mortalité chez les jeunes dans certains pays
Il indique que, dans de nombreux pays européens et occidentaux, le suicide est l'une des principales causes de mortalité chez les jeunes âgés de 18 à 24 ans. En Espagne, par exemple, le suicide est devenu la première cause de mortalité dans cette tranche d'âge l'année dernière. Nicolas Sajus évoque le mal-être actuel des adolescents et des étudiants, exacerbé par des crises comme celle du Covid-19, qui cristallisent ces périodes de souffrance.
Aux États-Unis et en Europe, le mal-être chez les adolescents et les étudiants concerne actuellement entre 20 et 30 % de cette population. Ce chiffre significatif reflète le symptôme d'un profond malaise chez les jeunes dans un contexte de crise sanitaire et sociétale.
L'augmentation inquiétante des passages à l'acte et des urgences psychiatriques
Nicolas Sajus souligne que, bien que les adolescents ne constituent pas une population où la mortalité est élevée, les pourcentages de passages à l'acte et de suicides sont préoccupants. Aux États-Unis, le taux de passage à l'acte chez les enfants âgés de 8 à 10 ans est actuellement de 8 %, selon une étude publiée le 12 mars 2020 dans The Lancet Psychiatry.
Les passages aux urgences psychiatriques sont en augmentation exponentielle. Les statistiques européennes montrent une progression de 0,7 % en 2008 à 1,80 % en 2016, pour atteindre entre 2 et 3 % en 2020 depuis le début de la crise sanitaire. Nicolas Sajus note que ces statistiques augmentent avec l'âge de l'adolescent et sont plus élevées chez les garçons que chez les filles, avec un taux environ 2,5 % supérieur, en raison d'une radicalité et d'une violence plus prononcées dans les passages à l'acte masculins.
La nécessité d'une interprétation nuancée des données épidémiologiques
Il insiste sur l'importance de savoir interpréter les données épidémiologiques. La prévalence des comportements suicidaires chez les jeunes ne peut être comprise de manière homogène. On ne peut pas établir de lien de causalité direct pour chaque population, pays, culture ou civilisation. Il est essentiel de tenir compte du lieu, de la dimension transculturelle, des modes de vie et des contextes sociodémographiques. Par conséquent, il est impossible de tirer des généralités de ces statistiques sans une analyse approfondie.
Les différentes formes de comportements suicidaires
Nicolas Sajus évoque les définitions et les nuances autour du suicide. Il parle d'abord des idéations suicidaires, où le jeune pense que la mort pourrait être la solution à tous ses problèmes. Ces pensées sont plus fréquentes chez les filles et peuvent être partielles ou transitoires, survenant à n'importe quel moment de l'adolescence.
Il aborde ensuite la tentative de suicide, une attitude auto-agressive prédestructrice qui n'aboutit pas à la mort. Là encore, les filles sont plus concernées que les garçons. Il souligne l'importance de la pulsion de vie, qui peut faire échouer ou dévier le processus suicidaire jusqu'au dernier moment.
Enfin, il définit le suicide comme l'intentionnalité volontaire de se donner la mort de manière explicite ou implicite, et souvent radicale.
Les remaniements de l'adolescence et leur impact
Selon Nicolas Sajus, le suicide à l'adolescence doit être compris dans le contexte des remaniements propres à cette période. L'adolescence, du latin adolescere, est le passage de l'enfance à l'âge adulte, marqué par des changements physiques, physiologiques, psychologiques et existentiels.
Il note que la crise d'adolescence est aujourd'hui plus longue qu'auparavant, en partie à cause d'une puberté plus précoce d'un an et demi comparée aux années 60, et d'une entrée dans l'âge adulte plus tardive. Cette prolongation de la crise adolescente peut contribuer à une augmentation du risque suicidaire.
Ne pas banaliser les tentatives de suicide chez les adolescents
Nicolas Sajus insiste sur le fait qu'une tentative de suicide chez un adolescent n'est jamais une conduite anodine. Il met en garde contre la banalisation des paroles ou des comportements suicidaires, soulignant le risque de passer à côté de la souffrance psychique exprimée par le jeune.
Il rappelle que la crise d'adolescence est une succession de modifications profondes qui nécessitent une attention particulière de la part des adultes et des professionnels de santé.
Les crises sociétales et le mal-être des jeunes
Il évoque également l'impact des crises sociétales sur le mal-être des adolescents. Une étude réalisée en 2011 montrait que la famille était le premier référent pour un jeune en difficulté. Aujourd'hui, les restructurations familiales et les mutations sociétales ont affecté ce rôle traditionnel, créant un manque de repères pour les jeunes.
Nicolas Sajus souligne que nous vivons une crise civilisationnelle caractérisée par des mutations économiques et sociétales, qui ont des répercussions sur les adultes et, par extension, sur les adolescents.
La consommation de substances chez les jeunes comme symptôme du mal-être
Enfin, il attire l'attention sur la consommation élevée de substances psychoactives chez les adolescents en Europe, et particulièrement en France, premier consommateur de cannabis et d'alcool chez les jeunes. Il note que les modes de consommation ont évolué vers des pratiques plus violentes, reflétant un symptôme du mal-être adolescent pouvant déboucher sur une crise suicidaire.
Nicolas Sajus interpelle sur le besoin urgent de comprendre et d'agir face au mal-être des adolescents, en tenant compte des enjeux sociétaux, culturels et familiaux qui les affectent aujourd'hui.
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