Addictions et adolescence [À lire]
Synthèse détaillée de la formation de Nicolas Sajus, psychologue, disponible sur le site web de formationspsy (H4 Éditions, partenaire de : Éducation & Famille - Université de Mons)
> Tarif pour le téléchargement de ce livre : 2.90€
[Extrait de la synthèse]
Les mutations culturelles et leur impact sur l'addiction chez les jeunes
Nicolas Sajus explique que les transformations culturelles de ces dernières décennies influencent fortement les comportements des jeunes, en particulier en matière d’addiction. Selon lui, notre société traverse une mutation profonde, qu’il qualifie de "crise" au sens grec du terme, signifiant changement, et ce changement a des répercussions importantes sur les adolescents d’aujourd’hui. Ces mutations, notamment depuis les années 90 et 2000, affectent les repères familiaux et sociétaux, modifiant ainsi la manière dont les jeunes se positionnent face aux défis de la vie.
L'addiction comme réponse aux enjeux de notre culture
Pour Sajus, l’addiction ne se réduit pas à la toxicomanie, ni à une consommation isolée de produits. Il invite les psychologues à adopter une approche plus globale et systémique pour comprendre les causes de l’addiction chez les adolescents. À ses yeux, l’addiction est une réponse aux crises de sens que traversent les jeunes dans les sociétés capitalistes, où beaucoup sont en quête de repères et de sens. Les problématiques d’addiction touchent aujourd’hui toutes les classes sociales, indépendamment du contexte économique et culturel.
Facteurs de vulnérabilité à l’addiction chez les adolescents
Nicolas Sajus souligne l’importance des facteurs de personnalité et des fragilités psychologiques dans la propension à l’addiction. À l’adolescence, la recherche de sensations et la difficulté à affirmer son estime de soi peuvent jouer un rôle déterminant dans la consommation. L'apparition de nouveaux diagnostics, comme l'état limite ou borderline, illustre également cette tendance, avec des jeunes en quête d’expériences intenses, parfois pour combler des carences émotionnelles ou relationnelles.
L’impact de la dépendance affective et des liens virtuels
Sajus mentionne aussi la dépendance affective, qu'il relie aux troubles des liens interpersonnels, comme une composante essentielle des comportements addictifs. Il souligne les difficultés des jeunes à construire des relations basées sur le respect de l'altérité, plutôt que sur des relations fusionnelles, souvent exacerbées dans les environnements virtuels. Cette fusion relationnelle, nourrie par la dépendance affective, peut également s’exprimer dans des comportements de recherche de fusion affective ou dans une hyper-connexion au monde virtuel.
L’approche neurophysiologique de l’addiction
Sur le plan neurophysiologique, Nicolas Sajus décrit comment certaines substances stimulent le système de récompense, connu sous le nom de "voie limbique" ou "voie du plaisir", rendant le cerveau dépendant. Ce processus peut être comparé à un phénomène d’appétence insatiable, où le cerveau, par besoin de satisfaction, réclame une stimulation continue. Sajus note que cette recherche de récompense se retrouve aussi dans les affects et dans la relation à la virtualité.
La quête de sens à l’adolescence : un défi existentiel et culturel
Pour Nicolas Sajus, les jeunes d’aujourd’hui évoluent dans une société marquée par le relativisme et l'hédonisme, où la banalisation de certaines pratiques pose des questions fondamentales. Dans un monde où l’accès à la pornographie, aux drogues, et aux autres produits de consommation est facilité, les adolescents doivent naviguer entre les tentations immédiates et la construction de leur identité. Sajus évoque également l’impact de la disparition des rituels de passage dans notre société, ce qui fragilise davantage la quête de sens et d'identité des jeunes.
Le rôle de la famille et des repères adultes
La famille, bien que souvent le premier soutien pour les adolescents en difficulté, est elle-même en mutation. Les adultes, soumis à des pressions économiques et professionnelles, ne sont pas toujours disponibles pour répondre aux besoins émotionnels de leurs enfants. Nicolas Sajus insiste sur la nécessité de recréer des repères solides pour aider les jeunes à construire leur identité et à se protéger contre les dérives addictives.
L’usage des substances chez les jeunes : un phénomène en mutation
Nicolas Sajus commence par expliquer que l’adolescence est une période marquée par une exposition croissante à diverses substances. Parmi celles-ci, il cite le narguilé et la vaporette, qui, bien qu’interdits aux mineurs en France, font l’objet de trafics organisés. Il souligne l'importance de voir au-delà des produits eux-mêmes pour comprendre les enjeux qui les entourent, notamment en raison des pressions économiques et des taxes élevées sur le tabac en France. Il en résulte une situation complexe où les jeunes peuvent se tourner vers des marchés parallèles pour contourner les hausses de prix.
L’alcool et la culture du binge drinking
L’alcool est l’une des premières formes d’addiction chez les adolescents en France, avec une tendance inquiétante vers le binge drinking – consommer une grande quantité d’alcool en un court laps de temps. Sajus indique que 68 % des adolescents français expérimentent l’alcool sous cette forme, souvent avec pour objectif de se “défoncer”. Il souligne que cette consommation a des effets biphasés : d’abord une levée d’inhibition recherchée pour sa convivialité, suivie d’une descente qui peut exacerber les troubles émotionnels, allant de l’anxiété à la tristesse, voire la violence.
Les mécanismes de défense : rationalisation et déni
Chez les adolescents, Sajus observe des mécanismes de défense puissants face à l’alcool, comme la rationalisation – « tous mes amis le font » – et le déni, rendant difficile la prise de conscience d’une éventuelle dépendance. L’alcool est souvent perçu comme un facilitateur social, un moyen d'intégration et de levée d'inhibitions. Cette perception renforce l’idée de toute-puissance à l’adolescence, où les jeunes sous-estiment fréquemment les risques de dépendance.
Les conséquences dramatiques de l’alcoolisation fœtale
Sajus rappelle également le syndrome d’alcoolisation fœtale, conséquence directe de la consommation d’alcool par des femmes enceintes. Il souligne les risques graves pour le nouveau-né, tels que la prématurité, des troubles du développement cérébral et parfois une dépendance nécessitant un sevrage postnatal. Ce syndrome a des impacts irréversibles sur la santé de l’enfant, soulignant l’importance de la prévention chez les jeunes femmes.
Le cannabis : entre banalisation et risques psychiques
Abordant la question du cannabis, Sajus met en garde contre sa banalisation, surtout en France où la consommation de cannabis est élevée chez les adolescents, avec un premier usage souvent dès 12 ou 13 ans. La législation évolue vers une dépénalisation, mais cela n’aborde pas les impacts potentiels sur le développement neuronal des jeunes. Le THC, le composant actif du cannabis, est aujourd’hui plus concentré, augmentant le risque de troubles mentaux graves comme la schizophrénie, particulièrement chez les jeunes vulnérables.
L'accessibilité de la cocaïne et la montée de la polytoxicomanie
Sajus s’inquiète également de la montée de la consommation de cocaïne, notamment chez les jeunes. En Guyane, par exemple, il est souvent plus facile pour un adolescent d’accéder à de la cocaïne bon marché que de poursuivre une scolarité stable. Il observe une tendance croissante à la polytoxicomanie, où les adolescents mélangent diverses substances pour prolonger l’euphorie et éviter les « descentes » douloureuses. Ces soirées de consommation prolongée peuvent durer de 24 à 72 heures, avec des descentes extrêmement difficiles nécessitant parfois des anxiolytiques pour atténuer les effets.
La polyconsommation et la dépendance
Enfin, Nicolas Sajus décrit les pratiques de polyconsommation chez certains jeunes, qui mélangent alcool, cocaïne, amphétamines et anxiolytiques pour gérer l’alternance entre euphorie et descente. Ce processus rend la dépendance d’autant plus complexe à traiter. Les descentes, souvent marquées par des “bad trips”, peuvent déclencher des angoisses profondes et nécessiter un soutien clinique particulier.
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