Accompagnement des enfants victimes de violences [À lire]

Synthèse détaillée de la formation de Nicolas Sajus, psychologue, disponible sur le site web de formationspsy (H4 Éditions, partenaire de : Éducation & Famille - Université de Mons)

 > Tarif pour le téléchargement de ce livre : 3.90€

[Extrait de la synthèse]

Les défis du repérage des violences infantiles

Nicolas Sajus aborde la difficulté de recenser et d'étudier les cas de maltraitance infantile. Les statistiques varient selon les pays, en fonction des méthodes de recherche et des définitions adoptées. En France, le repérage des violences subies par les enfants reste insuffisant, malgré des études qui montrent l'ampleur du problème. Selon des données internationales, près de 75 % des enfants âgés de 2 à 4 ans subissent des châtiments corporels ou des violences psychologiques, tandis qu'une femme sur cinq et un homme sur treize déclarent avoir été victimes de violences sexuelles durant l'enfance.

Exposition des enfants aux violences sexuelles dans les contextes de guerre

Dans les contextes de guerre et parmi les populations de réfugiés, Nicolas Sajus met en avant la vulnérabilité particulière des fillettes et des jeunes filles, souvent victimes de violences sexuelles, d'exploitation ou encore de traite. Les abus peuvent être perpétrés par des combattants, des membres de la communauté ou même du personnel humanitaire. La nécessité d'évaluations approfondies et contextualisées est essentielle pour comprendre l'ampleur de la violence à laquelle ces enfants sont exposés.

Les facteurs de risque de la maltraitance infantile

S'ajoutent à cette réflexion les multiples facteurs de risque qui prédisposent les enfants à la maltraitance. Nicolas Sajus explique que ces facteurs peuvent être intrinsèques à l'enfant, tels que son âge (les enfants de moins de 4 ans sont particulièrement vulnérables) ou des besoins spéciaux qui deviennent insupportables pour les parents. Des troubles mentaux, des déficiences ou des questionnements sur l'identité de genre peuvent également générer des incompréhensions chez les parents, pouvant aboutir à des actes de maltraitance.

L'importance des figures d'attachement dans la prévention de la maltraitance

Le rôle des parents ou des figures d'attachement est également central dans l'analyse de la maltraitance. Nicolas Sajus insiste sur l'importance de l'accordage affectif entre l'enfant et ses figures de soin. Un manque d'interaction ou de stimulation peut avoir des conséquences dramatiques sur le développement de l'enfant, notamment sur les nourrissons, où un attachement sécure et une sécurité affective sont vitaux. Les troubles psychopathologiques des parents, leurs propres antécédents de maltraitance ou des situations de précarité sociale peuvent exacerber les risques de passage à l'acte.

La question fondamentale du repérage des maltraitances invisibles

Nicolas Sajus met en lumière la question essentielle du repérage des maltraitances, notamment celles qui restent invisibles. Selon lui, moins d'un tiers des signalements concernent des maltraitances dites visibles, telles que les violences physiques ou sexuelles. Bien que ces dernières soient mieux prises en charge, il insiste sur le fait que la majorité des maltraitances observées relèvent de traumatismes psychiques chroniques, souvent difficiles à repérer. Ces traumatismes, décrits comme un « goutte-à-goutte » de violences émotionnelles, débutent parfois dès la petite enfance et peuvent entraîner des conséquences graves sur le développement psychologique des enfants.

L'importance d'une formation spécialisée pour les professionnels

Nicolas Sajus souligne l'importance cruciale de former les professionnels, y compris ceux travaillant dans la protection de l'enfance, à reconnaître les formes de maltraitance non visibles. Il insiste sur la nécessité d'une meilleure évaluation des traumatismes psychologiques, qui sont souvent ignorés ou mal compris. Il cite des travaux menés en France et au Canada qui montrent que de nombreux jeunes auraient pu bénéficier d'une prise en charge plus précoce pour prévenir les troubles graves qu'ils manifestent plus tard dans leur vie.

Les liens d'attachement, un enjeu central dans l'évaluation des maltraitances

L’évaluation des liens d’attachement est, selon Nicolas Sajus, un aspect fondamental souvent négligé en France. Il explique que la construction affective du nourrisson se fait en grande partie dans l'interaction avec ses figures d'attachement, et que des liens insécures ou désorganisés peuvent avoir des répercussions graves sur le développement de l'enfant. Sajus donne l'exemple d'un bébé fictif, nommé Gérald, né d'une mère souffrant de troubles psychotiques, qui, faute de stimulation et de soin adéquat, développe des comportements autistiques et un repli sur lui-même. Cet exemple illustre le danger des ruptures affectives précoces et de la discontinuité des soins.

Les enfants maltraités et les compensations psychiques

Sajus souligne que certains enfants maltraités développent des mécanismes de surcompensation psychique, tels que des personnalités de type « faux self » ou « as if ». Ces enfants, bien que souvent perçus comme « normaux » dans des contextes comme l’école, masquent des traumatismes profonds. Le professionnel appelle à une évaluation plus fine des aptitudes cognitives et relationnelles des enfants, rappelant que des mécanismes de protection psychiques peuvent être mis en place dès les premiers mois de vie.

L'impact de l'exposition précoce aux écrans sur le développement de l'enfant

Dans le cadre de ses observations cliniques, Nicolas Sajus évoque également l'impact négatif de l'exposition précoce aux écrans sur le développement des nourrissons. Il décrit des situations où des parents utilisent les écrans pour calmer ou distraire leurs enfants, soulignant que cette pratique peut entraîner des troubles de concentration, de motricité et de développement cognitif. Selon lui, l'exposition excessive aux écrans, dès les premiers mois de vie, constitue une forme de maltraitance qui affecte durablement la construction psychique des enfants.

Le lien entre attachement insécurisé et niveaux de stress élevés

Sajus insiste sur l'importance de la qualité des liens d’attachement dans la gestion du stress chez l’enfant. Il explique que les situations d’attachement insécurisé ou désorganisé entraînent une augmentation des niveaux de cortisol, une hormone du stress, qui affecte directement des structures cérébrales comme l'hippocampe, essentielle pour la mémoire affective et les apprentissages. Les études neuroscientifiques montrent que ces effets peuvent être réversibles, mais nécessitent une prise en charge précoce pour limiter les conséquences à long terme.

L'évaluation cognitive et comportementale dans les contextes de maltraitance

L’évaluation cognitive des enfants maltraités, et plus particulièrement des nourrissons, est primordiale pour détecter des retards ou troubles liés aux violences subies. Nicolas Sajus cite plusieurs outils d'évaluation, comme l’échelle de développement du nourrisson de Bayley, qui permettent de mesurer les aptitudes cognitives et de repérer des troubles de manière précoce. Il regrette cependant que ces évaluations soient rarement effectuées de manière régulière et insiste sur la nécessité d’une approche plus systématique dans les cas de suspicion de maltraitance.

La nécessité d'une intervention rapide face aux maltraitances

Enfin, Nicolas Sajus souligne la nécessité d'une grande réactivité des professionnels dans les situations de maltraitance. Il rappelle que la temporalité des décisions judiciaires, souvent lente, n'est pas adaptée aux besoins urgents des nourrissons et enfants en danger. La précocité de l'intervention est cruciale pour éviter des dommages irréversibles, tant au niveau psychique que neurologique.

[ ... ] 

>> Pour lire la suite, merci d'acheter le livre numérique. Il se trouvera ensuite disponible dans votre compte FormationsPsy en format PDF