La résilience chez les personnes âgées, par Boris Cyrulnik [À lire]
Synthèse détaillée de la formation de Boris Cyrulnik, psychiatre, disponible sur le site web de formationspsy (H4 Éditions, partenaire de : Éducation & Famille - Université de Mons)
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[Extrait de la synthèse]
La naissance de la vieillesse et l'impact des progrès sociaux
Boris Cyrulnik explique que la notion de vieillesse est relativement nouvelle dans l'histoire humaine. Il rappelle qu'à l'époque de Bismarck, l'invention de la caisse de retraite visait à éviter de payer des pensions, car on estimait que la plupart des individus ne dépasseraient pas l'âge de 65 ans. Or, l’amélioration des conditions de vie a considérablement allongé l’espérance de vie, surtout chez les femmes, ce qui a modifié notre rapport à la vieillesse. Cyrulnik observe que grâce aux progrès médicaux et aux droits de l’homme, une petite fille née aujourd'hui dans des conditions favorables a une chance sur deux d’atteindre les 100 ans. Ce changement rapide, s'étant produit en seulement deux générations, souligne l'importance de repenser la vieillesse et la résilience.
Étude longitudinale de George Valiant sur la vieillesse
Boris Cyrulnik évoque les travaux pionniers de George Valiant à Harvard, une étude longitudinale commencée dans les années 1920 auprès de 204 étudiants. Cette recherche, bien que marquée par un biais socio-économique (les étudiants d’Harvard étant majoritairement issus de milieux favorisés), a permis de suivre ces jeunes hommes sur plusieurs décennies. Les résultats ont révélé que même parmi les personnes privilégiées, des troubles mentaux tels que des dépressions et des troubles bipolaires se manifestaient. Environ 40 des participants ont souffert de dépressions graves, malgré leurs conditions de vie avantageuses. Ce paradoxe, selon Cyrulnik, souligne que la richesse et le confort ne garantissent pas le bonheur, et que les épreuves peuvent être un facteur important de résilience.
La vulnérabilité de l'hyper-protection
Cyrulnik aborde également le concept de vulnérabilité associé à l'hyper-protection. Il souligne que, contrairement aux idées reçues, la surprotection de l’enfant peut le rendre vulnérable, car elle ne lui permet pas de développer les compétences nécessaires pour surmonter les difficultés de la vie. Les individus ayant traversé des épreuves dans leur jeunesse semblent mieux préparer une vieillesse active et épanouie. L’abandon et les maltraitances restent des traumatismes majeurs, mais Cyrulnik avertit qu’un excès de protection peut être aussi dommageable en empêchant l’enfant de cultiver la fierté et la confiance en lui.
L'importance de l’hygiène de vie dans la prévention des démences
Enfin, Boris Cyrulnik met en avant les facteurs protecteurs contre les démences chez les personnes âgées, insistant sur l'importance de l'hygiène de vie. Il mentionne que le sport, l'absence de consommation excessive d'alcool et de tabac sont essentiels pour préserver les capacités mentales. Cyrulnik rappelle avec une anecdote historique comment, dans le passé, l'alcool était encouragé dans les milieux ouvriers pour « préserver » la santé, ce qui, aujourd’hui, semblerait absurde. Ces pratiques montrent l’évolution des valeurs et des connaissances au fil des générations, une transformation que les jeunes perçoivent parfois comme des histoires du « Moyen Âge », mais qui sont en réalité les réalités vécues par leurs grands-parents.
La résilience et l'évolution des valeurs : Les héros familiaux d'autrefois
Un ethos de sacrifice et d’héroïsme
Boris Cyrulnik décrit comment, dans le passé, les valeurs de sacrifice et d’héroïsme étaient au cœur de la vie des ouvriers. Les hommes qui travaillaient dans les mines ou sur les chantiers, souvent dans des conditions extrêmes, étaient célébrés comme des héros familiaux. Ils passaient la majorité de leur temps dans des environnements sombres, bruyants et dangereux, acceptant les sacrifices physiques et mentaux associés à leur travail. Cet héroïsme était en partie renforcé par les femmes, qui louangeaient leurs efforts et les soutenaient dans leurs rôles difficiles. Le vin rouge, parfois recommandé comme soutien, aidait ces hommes à endurer les difficultés. Cyrulnik note que ce comportement est aujourd'hui perçu différemment, les jeunes femmes modernes étant parfois indignées par cette dynamique. Cependant, dans le contexte de l’époque, les femmes ne se sentaient pas asservies, mais considéraient ces actes comme faisant partie de leur soutien à la famille.
La contextualisation des comportements et les valeurs de résilience
Cyrulnik insiste sur l'importance de replacer les comportements dans leur contexte pour en saisir le sens. À une époque où les hommes étaient complètement absorbés par leurs responsabilités professionnelles et physiquement épuisés, ils comptaient sur leurs épouses pour assurer la continuité de la vie quotidienne. Cette dépendance mutuelle n’était pas considérée comme un asservissement, mais comme une partie de l’organisation sociale et familiale. Aujourd'hui, les valeurs ont évolué, et la notion de résilience est souvent associée à l'indépendance. Cependant, Cyrulnik rappelle que le soutien familial, tel qu’il existait autrefois, jouait un rôle clé dans la capacité des individus à surmonter les épreuves.
La résilience dans les études de Harvard
Cyrulnik évoque à nouveau l’étude de Harvard menée par George Valiant, où l’impact des épreuves et des soutiens familiaux a été observé sur la résilience des individus. Les anciens étudiants de Harvard qui ont dû faire face à des épreuves dans leur vie ont pu bénéficier du soutien de leurs amis, de leur famille et des ressources sociales. Ils ont souvent surmonté les défis et ont vécu une « vieillesse de fête », restant actifs et engagés jusqu’à un âge avancé. Cyrulnik souligne que cette résilience n’est pas simplement une question d’hygiène de vie, mais de la capacité à trouver un soutien communautaire et à avoir la possibilité de partager les épreuves avec les autres.
Les mécanismes de défense : Le rôle du contexte et l'altruisme comme facteur de résilience
Boris Cyrulnik se penche également sur les mécanismes de défense observés chez les personnes âgées par George Valiant. Il distingue trois types de mécanismes : les négatifs, les temporaires et les constructifs. Parmi les mécanismes négatifs, on retrouve le déni et le clivage, où l'individu évite de confronter les expériences traumatisantes. Ce type de défense est souvent observé chez les personnes ayant subi des traumatismes majeurs, tels que les soldats revenant de zones de conflit, où des périodes de transition sont nécessaires pour réintégrer une vie normale.
Enfin, Cyrulnik met en avant l’altruisme comme mécanisme de défense constructif. Dans ses expériences avec des enfants soldats, il a observé comment l'altruisme peut redonner un sentiment de dignité et d’autonomie à ceux qui ont vécu des horreurs. En partageant des histoires de sa propre expérience, Cyrulnik a encouragé ces enfants à exprimer leurs valeurs et à redéfinir leur propre rôle dans la société. Pour certains, cet altruisme les a poussés à envisager des carrières comme médecin ou prêtre, illustrant comment le traumatisme peut être transformé en un puissant facteur de résilience.
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