Créer un attachement sécure avec son enfant [À lire]
Synthèse détaillée de la formation de Boris Cyrulnik, psychiatre, disponible sur le site web de formationspsy (H4 Éditions, partenaire de : Éducation & Famille - Université de Mons)
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[Extrait de la synthèse]
Boris Cyrulnik explique la construction de l’attachement sécure
Boris Cyrulnik débute en expliquant la notion d'attachement sécure. Selon lui, cet attachement se définit comme un élan vers autrui qui est réciproque, se construisant grâce à un retour positif de l’autre, permettant ainsi l'attachement. Il utilise la métaphore du « tricotage du lien » pour illustrer comment cet attachement se construit, geste après geste, mot après mot, au quotidien. Cette routine quotidienne tisse un sentiment de confort et de sécurité chez l’enfant, qui le prépare à explorer le monde en ayant confiance en lui-même et en ses capacités.
Le rôle de la figure d'attachement dans l'exploration
Pour Cyrulnik, l’attachement sécure joue un rôle crucial dans le développement de l’enfant. Celui-ci ne peut s’aventurer et explorer le monde extérieur que s’il dispose d’une figure d’attachement de référence, qui lui permet de revenir se ressourcer en cas de besoin. Ainsi, à l’école, l’enfant peut expérimenter le plaisir d’apprendre uniquement s’il a déjà construit une base d’attachement sécure qui lui procure une estime de soi suffisante.
Effets de l’absence d’attachement sécure
En l’absence d’attachement sécure, les enfants peuvent développer des comportements auto-centrés. Cyrulnik observe que certains enfants, en cas de carence affective, se balancent ou se replient sur eux-mêmes, voire s’auto-agressent lors d’émotions intenses. Cela montre que l’attachement ne repose pas sur une relation causale simple, mais sur un système interactif entre l’enfant et ses figures d’attachement, telles que la mère, le père, ou même des soignants.
L’évolution de la théorie de l’attachement
Cyrulnik rappelle que la théorie de l’attachement est loin d’être figée. Depuis les travaux pionniers de René Spitz et d’Anna Freud dans les années 1940, en passant par les recherches de Bowlby et de Michael Rutter, l’attachement sécure a été étudié de manière évolutive. Des études sur des macaques, par exemple, ont révélé comment le manque d'attachement pouvait provoquer des comportements auto-centrés, renforçant l’importance de la sécurisation affective dès le plus jeune âge.
La situation étrange et l’évaluation de l’attachement
La théorie de l'attachement a connu une avancée notable avec la méthode de « la situation étrange » développée par Mary Ainsworth, qui permet d’observer la réaction de l’enfant face à la séparation et au retour de sa figure d’attachement. Cette expérimentation a permis de catégoriser les types d’attachements : sécure, insécure évitant, insécure ambivalent et insécure désorganisé. Cyrulnik souligne que cette méthode met en évidence l'importance de l'attachement sécure, visible chez environ 70 % des enfants ayant une niche sensorielle stable.
Différence entre attachement sécure et attachement sécurisé
Cyrulnik distingue également l’attachement sécure de l’attachement sécurisé. Dans un attachement sécurisé, l’enfant a besoin de la présence physique de la figure d’attachement pour se sentir en sécurité, tandis qu’un attachement sécure permet à l’enfant de conserver cette figure en mémoire, et d’être capable de s'apaiser même en son absence. Cette distinction souligne que l’attachement sécure repose sur une sécurité intérieure durable.
L'impact des comportements parentaux sur l’attachement
Enfin, Cyrulnik aborde le lien entre les comportements parentaux et l’attachement de l’enfant. Il réfute notamment le stéréotype selon lequel il ne faut pas prendre un bébé dans les bras pour éviter de le rendre capricieux. Les recherches montrent que les enfants réconfortés dès leurs premiers pleurs développent un sentiment de sécurité qui se manifeste par une diminution de l’angoisse face aux étrangers. Prendre le bébé dans les bras dès les premiers mois contribue ainsi à une empreinte positive dans sa mémoire biologique, favorisant le développement d’un attachement sécure.
L’attachement comme outil de pensée, d’observation et d’évaluation
Boris Cyrulnik explique que l’attachement sécure sert non seulement de lien affectif mais aussi d'outil pratique pour observer et évaluer le développement des enfants. Il souligne que les enfants privés d’attachement manifestent souvent des comportements auto-centrés, mais qu’une intervention peut modifier ces tendances. Par exemple, un attachement ambivalent peut être apaisé, un attachement évitant réchauffé, et un attachement confus soigné. Cyrulnik insiste sur le fait que, bien que ces comportements reflètent des tendances statistiques, ils ne sont pas inéluctables : une prise en charge adaptée peut influer positivement sur l’attachement.
Les trois niches psycho-écologiques : de l’utérus au langage
Cyrulnik propose ensuite trois « niches psycho-écologiques » qui façonnent le développement de l’enfant. La première est celle de l’utérus, un environnement où les interactions sont majoritairement biologiques. La seconde niche est celle du corps de la mère, qui est essentiellement affective. La troisième est la niche verbale, dans laquelle le langage se construit progressivement, dès la vie intra-utérine, pour atteindre une expression élaborée.
Dans la première niche, Cyrulnik souligne l’importance des facteurs génétiques et de l’environnement maternel. Il explique comment le stress de la mère affecte le développement du bébé par des mécanismes épigénétiques : les substances de stress produites par la mère, comme les radicaux méthyls, se fixent sur les chromosomes de l’enfant, modifiant ainsi l’expression de ces gènes. Toutefois, dès que la mère retrouve un état de sécurité, ces modifications peuvent être réversibles. En effet, les hormones de bien-être, telles que l’oxytocine, influent positivement sur le développement du fœtus.
L'impact du stress maternel sur le développement de l'enfant
Selon Cyrulnik, les facteurs de stress de la mère peuvent être divers : son histoire personnelle, un environnement familial dysfonctionnel, la précarité sociale ou des conditions extrêmes comme la guerre. Il rappelle l’exemple de Leningrad pendant la Seconde Guerre mondiale, où des bébés nés dans des conditions de famine ont présenté des troubles cognitifs et comportementaux durables. En effet, le stress chronique vécu par les mères a provoqué une altération des fonctions neurologiques chez leurs enfants, avec des conséquences graves sur leurs apprentissages et leur comportement.
Cyrulnik en conclut que la sécurité des mères enceintes est essentielle pour le bon développement de l’enfant. Un environnement sécurisé permet à la mère de devenir sécurisante pour son bébé, favorisant ainsi un attachement sécure.
La niche affective : l’importance de la figure d’attachement
La deuxième niche, affective, implique les premières interactions du bébé avec sa mère, la figure d’attachement primordiale selon Bowlby. Cyrulnik décrit comment, dès la naissance, le bébé se connecte à sa mère à travers le regard et la voix. Ce lien est essentiel, car le bébé, âgé de seulement une heure, est capable de se tourner vers sa mère, de la reconnaître, et de répondre à ses stimulations visuelles et auditives.
Il souligne également que, si le père est absent, la cellule familiale est appauvrie, limitant ainsi les opportunités de socialisation pour l’enfant. L’influence précoce du père et d’autres figures d’attachement secondaires, comme les grands-parents ou même les animaux de compagnie, s’avère donc fondamentale pour que l’enfant puisse apprendre à aimer et à se sécuriser auprès d’autres personnes.
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