La perversion narcissique [À lire]

Synthèse détaillée de la formation de Alberto Eiguer, psychiatre, disponible sur le site web de formationspsy (H4 Éditions, partenaire de : Éducation & Famille - Université de Mons)

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[Extrait de la synthèse]

Introduction au concept de perversion narcissique par Alberto Eiguer

Alberto Eiguer explique que la notion de perversion narcissique est un concept central dans son travail de recherche et d'écriture. Psychiatre et psychanalyste, directeur de recherche au sein du laboratoire de psychologie clinique, psychopathologie et psychanalyse à l'Université René-Descartes, et directeur de la revue Les vivants familiales, Eiguer a consacré une grande partie de sa carrière à explorer les dynamiques de la perversion narcissique. Ce concept, selon lui, se manifeste dans différents contextes de la vie quotidienne : au sein du foyer, dans les relations interpersonnelles, au travail et dans tout espace où des relations de pouvoir sont en jeu.

La perversion narcissique : un abus de pouvoir et de prérogatives

Eiguer décrit le pervers narcissique comme une personne qui abuse de ses prérogatives et exploite les déséquilibres relationnels, notamment dans des situations de dissymétrie, comme celles existant entre un supérieur et un subordonné ou entre un parent et un enfant. Ce type d'abus, selon Eiguer, est particulièrement néfaste car il vise à s'imposer au détriment de l’autre, créant une dynamique relationnelle pathologique.

Paul-Claude Racamier : pionnier dans l'étude de la perversion narcissique

Le concept de perversion narcissique a été formulé dans les années 1970 par Paul-Claude Racamier, qui en a développé la définition en étudiant les familles de patients schizophrènes. Racamier a exploré comment cette dynamique relationnelle pouvait être présente en dehors du cadre familial, et ses recherches ont ouvert la voie à une meilleure compréhension des mécanismes psychiques en jeu. Eiguer souligne l’importance de cet héritage, qui a permis une prise de conscience plus large de la perversion narcissique dans les médias, les institutions et le milieu professionnel.

L'évolution du concept de narcissisme et sa désérotisation

Selon Eiguer, le concept de narcissisme s’est transformé depuis ses premières formulations au XIXe siècle, où il était associé à une exaltation de soi d’ordre érotique. Progressivement, cette dimension érotique a été abandonnée, notamment avec les travaux de Racamier, qui ont désérotisé la perversion narcissique pour en faire une problématique axée sur le pouvoir et les relations interpersonnelles. Il y a désormais une distinction claire entre la perversion narcissique et les comportements érotiques narcissiques, où la sexualité n’est plus au cœur de cette pathologie.

La relation vampirique du pervers narcissique avec sa victime

Alberto Eiguer met en lumière la manière dont le pervers narcissique établit une relation vampirique avec sa victime. Ce dernier cherche à absorber les qualités, les valeurs et les compétences de sa victime, l’épuisant progressivement. Le pervers narcissique, dépourvu d’empathie et de sensibilité envers autrui, utilise cette relation pour combler son vide intérieur. Ce processus conduit la victime à perdre son estime de soi, à sombrer dans la dépression et à ressentir une culpabilité profonde et sans raison apparente.

La dévalorisation systématique comme arme du pervers narcissique

Eiguer explique que le pervers narcissique attaque systématiquement les valeurs, les compétences et les relations de sa victime. En minant l'estime de soi et en critiquant chaque aspect essentiel de la personnalité de l'autre, le pervers narcissique affaiblit sa victime et la rend dépendante. Ce processus de dévalorisation est méticuleux et touche les croyances et les liens les plus précieux de la victime, contribuant ainsi à son isolement et à sa dépendance.

L'isolement et la manipulation : des stratégies de contrôle

Pour le pervers narcissique, il est crucial d’isoler sa victime de tout soutien extérieur. Eiguer souligne que cet isolement peut être subtil et se manifester dans des relations conjugales, où le pervers narcissique peut dissuader la victime de voir ses amis et sa famille, affirmant qu'elle n'a besoin de personne d'autre. Ce contrôle vise à renforcer l’emprise du pervers narcissique, en utilisant des méthodes variées, allant de la culpabilisation aux insinuations sur l'inutilité des liens extérieurs.

Le rôle des témoins dans la dynamique de la perversion narcissique

Alberto Eiguer aborde également l'importance des témoins dans cette dynamique. Dans des contextes de violence intrafamiliale, les enfants peuvent être des témoins passifs, voire involontaires, de cette relation toxique. Parfois, le pervers narcissique exploite cette situation pour obtenir des soutiens parmi les autres membres de la famille. Ce mécanisme de double jeu est central dans la stratégie du pervers narcissique pour maintenir son emprise et son pouvoir, empêchant la victime de se libérer de cette relation.

La peur de l'abandon : une motivation profonde du pervers narcissique

Eiguer souligne que la peur d'être abandonné constitue un moteur essentiel pour le pervers narcissique. Derrière son besoin de contrôler et de manipuler se cache une crainte profonde de l'abandon, souvent enracinée dans des traumatismes d’enfance. Il est crucial, selon Eiguer, de comprendre cette peur pour saisir l’ampleur de la dépendance et du besoin de la présence de l’autre, qui alimente la dynamique de la perversion narcissique.

Exploration des variantes de la perversion narcissique

Alberto Eiguer explique que le concept de perversion narcissique se décline en plusieurs variantes, allant des formes dites "pures", qui bien que rares, présentent des caractéristiques distinctes, aux variantes défensives qui se manifestent au sein de personnalités diverses, notamment chez des personnalités narcissiques, psychotiques, ou ayant des traits limites. Ces variantes sont particulièrement visibles dans des contextes où l’individu en position de pouvoir, comme un gourou, se perçoit comme un être "révélé", recevant une forme de révélation divine et frôlant parfois le délire. Ce dernier contamine alors ses adeptes en les entraînant dans une "folie à deux", une pathologie relationnelle multipliée dans des contextes sectaires.

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